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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/347

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léger à la vitre, la portière s’ouvrit. D’un bond il fut dans la voiture ; la portière se referma.

Alembert demeurait immobile ; les choses viraient autour de lui et l’asphalte même sous ses bottines. Il avait un étourdissement comme une femme qui assiste à la trahison de l’homme qu’elle aime. Il avait reconnu le coupé de Suzanne. Ainsi tous deux, la mère et le fils, s’entendaient pour le tromper ! Ils avaient leurs rendez-vous là, sur ce boulevard, à quelques pas de chez lui. Et il avait envie d’être brutal, d’aller forcer cette portière, de surprendre cette mauvaise femme qui, par ses caresses, savait si bien détacher de lui leur enfant. Car. il le devinait bien, ce lycéen flegmatique, qui s’observait devant lui au point de ne jamais se permettre un mot tendre, un sourire d’amitié ou un geste spontané, sur les coussins de cette voiture, à cette minute, se blottissait avec des câlineries de bébé dans les bras de sa mère. Elle le plaignait, tous deux s’encourageaient au martyre, et lui, le père, l’ennemi, devait se cacher, a cinquante mètres de là, pour favoriser leurs effusions.

Des gens affairés le bousculaient. Sur le bord de la chaussée, roulaient en cahotant, dans leurs voiturettes, des édifices branlants de roses et de violettes. Le boulevard charriait avec fracas une vie abondante. Quelques arbres reverdissaient comme au printemps. Le divorcé jeta les yeux autour de lui et pensa :