Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/349

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trop bien cette galanterie filiale, d’un gamin qui grandit et qui pense, pour une jeune mère solitaire et offensée : car l’offense mystérieuse, Marcel devait maintenant s’en enquérir, l’imaginer vaguement. Et n’était-il pas ici, au contraire, d’une réserve et d’une discrétion admirables, dissimulant tous ses regrets, ne manifestant que des sentiments de respect, se retenant peut-être même d’en exprimer de plus tendres ? Son crime était-il impardonnable d’avoir appelé, de l’autre bout de Paris, pour un baiser furtif dans une voiture, cette mère dont il ne s’était séparé qu’au prix d’un affreux chagrin ? Aussi bien, ces tristes rencontres, hâtives et peureuses, avaient quelque chose de navrant qui apitoyait le père…

Au repas du soir, il n’interrogea pas Marcel comme il l’avait projeté ; la conversation fut amicale ; même il s’émut à deviner l’effort que, visiblement, faisait son fils, pour rester dans un juste milieu entre une familiarité confiante et une ingrate froideur.

Décidément, il fermerait les yeux…

Cependant l’image de ces rendez-vous continuait à l’obséder. Lui qui souffrait déjà, chaque jeudi, de savoir l’enfant possédé par Suzanne, son esprit, dont il convoitait le gouvernement total, sous l’influence de cette inflexible épouse, son cœur entre les mains d’une femme orgueilleuse, endurait un bien autre tourment, tous les