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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/353

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clients. Madame Martinal avait repris son poste et Narcisse disait d’elle : « En voilà une à qui les vacances ont profité !… » À la vérité, elle se délectait à reparler de ce mois passé à la mer avec ses trois garçons, et de la joie qu’elle avait alors à penser : « C’est moi qui offre à mes chéris, non seulement « la matérielle », mais encore tout le bien-être et les plaisirs des enfants riches… » Souvent, assise au bureau d’Henriette, et le code à la main, quand toutes deux discutaient sur un point de procédure, elle s’interrompait pour rappeler un souvenir de cette époque, un mot de son grand Pierre, une radieuse journée de septembre.

— Vous êtes une femme heureuse, madame Martinal ! soupirait Henriette.

Un jour, la veuve répliqua :

— Tout de même, ma petite Vélines, il ne faudrait pas vous donner des airs d’envier mon sort !

— Oui, je sais, vous pensez à mes succès… Vous figurez-vous que les succès comblent une âme ?

— Ah mais ! la vôtre connaît tant de faveurs, outre celles de la gloire, qu’elle doit quelquefois déborder.

— Oui, elle déborde quelquefois, mon âme, dit Henriette, songeuse.

« Qu’a-t-elle ? se demandait à part soi la secrétaire ; » et, dès lors, elle pressentit que sous une telle félicité se cachait un drame.