Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/355

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Et l’on causait de mille choses, de la réforme du code, des nouveaux chapeaux d’hiver ; surtout du Palais, de l’Ordre, des magistrat ». Vélines, même poussait maintenant l’amitié jusqu’à réclamer de madame Martinal un peu d’aide. Plusieurs fois elle alla, pour lui, en auto, jusqu’au domicile lointain et misérable de madame Gévigne. Tous deux s’intéressaient à la bizarre histoire de ces lettres anonymes, dont la plaideuse accusait son concierge. Vélines se déridait aux accès de gaîté qui secouaient la secrétaire quand elle feuilletait cette correspondance injurieuse et comique, ou bien le rapport entortillé de l’expert en écriture, un vieux à l’air doctoral qui la prenait pour madame Vélines et voulait faire avec elle de la graphologie.

L’amusant fut que le concierge incriminé choisit comme défenseur Maurice Servais : André l’eut ainsi pour adversaire. Servais avait réclamé » place Dauphine, une entrevue pour une communication de pièces. Il s’agissait précisément de ces rapports d’expert. Il arriva, une après-midi, à l’heure dite ; ses yeux de braise dans son teint mat, sa main fiévreuse glissant parmi la brosse drue de ses cheveux foncés, tout son être trépidant disait la fougue, la véhémence qu’on lui reprochait tant à la barre, où il ne semblait jamais se posséder entièrement. Vélines augurait cependant beaucoup d’un tempérament pareil et il avait pour ce jeune confrère une profonde considération. Madame Martinal fut conviée au colloque. Pen-