Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/356

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dant que les deux avocats fouillaient chacun son dossier, elle observait ce Maurice Servais dont t’aventure romanesque avait tant fait jaser, depuis un an, le monde judiciaire. L’été passé, il avait disparu. La vérité, c’était que Fabrezan, avec discrétion, l’avait adjoint à ses secrétaires lorsqu’il était allé à Marseille plaider dans un procès retentissant. On ignorait le reste. Seulement, Louise Pernette ne parlait plus de renoncer au barreau, et l’on ne voyait plus guère au Palais la superbe Géronce. L’idylle néanmoins, si elle s’était renouée après le douloureux orage, ne s’était plus montrée au grand jour : la galerie Saint-Louis ne s’animait plus aux rencontres amoureuses des deux fiancés, et Louise, qui défendait tous les lundis les mineurs de mademoiselle Angély, n’avait pas retrouvé le sourire de sa grande bouche tendre.

Servais, avec sa conviction ardente de grand adolescent, soutenait l’innocence du concierge. Il avait fait faire une contre-expertise des lettres et il venait comparer les deux rapports. On les lui lut à haute voix. En des termes solennels, dogmatiques et définitifs, l’un et l’autre concluaient inversement : selon l’expert de madame Gévigne, le concierge avait écrit les lettres ; selon l’expert de la partie adverse, il ne les avait pas écrites. Les deux augures s’entre-reg-ardèrent en riant. Madame Martinal s’égayait de son vieux calligraphie.

Pendant ce temps, quatre ou cinq personnes