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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/379

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chez vous en sortant du Palais, et vos domestiques me laissent entendre, dans leur consternation, que vous avez quitté le domicile conjugal !… A-t-on idée de cela ?

— C’est vrai, monsieur le bâtonnier, je suis revenue chez mes parents.

Henriette avait pris place à sa table et, un peu nerveuse, malgré son beau sourire paisible, jouait avec son coupe-papier qu’elle contemplait attentivement.

— Vélines a eu des torts envers vous ? interrogea vivement Fabrezan.

— Surtout, j’ai voulu reconquérir ma liberté, répondit Henriette qu’une pudeur empêchait encore d’accuser son mari. Nous nous gênions… Des femmes comme moi ne devraient jamais se marier. Alors j’ai pris ma fille et me voilà indépendante, les coudées franches, ne relevant que de moi-même. Je suis tranquille : le tribunal me laissera mon enfant, que j’allaite… il ne la confiera pas au père, n’est-ce pas ? (elle s’égayait d’une gaîté factice) et je vivrai de ces deux affections : ma profession et mon bébé.

Fabrezan croisa lentement ses gros bras et, branlant la tête :

— Et bien ! ma petite madame, vous avez fait de la jolie besogne !

— Comment ! dit-elle, vous aussi, vous m’accusez ? C’est à moi que vous adressez les reproches ?…