Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/378

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Et, comme elle connaissait de longue date le vieil ami de son maître, elle ajouta confidentiellement, les paupières baissées :

— Nous sommes bien éprouvés, monsieur Fabrezan.

L’ancien bâtonnier leva sa main gauche gantée d’une moufle de laine : il avait, en dépit de sa pétulance méridionale, des gestes professionnels, onctueux, presque ecclésiastiques :

— Allons, allons, courage !

Et il se hâta enfin de descendre pour donner à son chauffeur l’adresse des Marcadieu.

Rue de Grenelle, on l’introduisit dans une pièce, où il reconnut l’ancien bureau d’Henriette jeune fille. Les plus jolis meubles en avaient été transportés place Dauphine, mais il y retrouvait les petits bustes dont, avec les enthousiasmes de l’adolescence, elle aimait alors à s’entourer en travaillant : ses grands poètes, ses grands musiciens, ses grands peintres étaient tous là, et Fabrezan s’attendrissait au souvenir de l’enfant charmante et fervente que jadis il avait vue là, quand la porte s’ouvrit. Henriette parut, illisible, gardant aux lèvres son sourire habituel, un peu moins fraîche que de coutume peut-être, mais très pimpante dans une chemisette de soie blanche et une jupe de drap vert.

Il bondit au devant d’elle :

— Eh bien ! allez-vous me dire ce qu’il y a ?… J’ai une communication à vous faire, je monte