Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/383

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votre domestique eût déposé près de moi cette puissante « duplex » qui m’éblouit un peu, j’ai cessé de regarder la petite étoile : elle est devenue à peu près invisible. La lampe, avec son beau foyer lumineux, a nui à l’astre… Ainsi ai-je vu s’éteindre cet éclat qui rayonnait de votre mari. Je l’ai plaint : une femme peut se contenter très honorablement d’une modeste réputation ; un homme exige plus.

Et il fît une courte pause, pour ajouter aussitôt, innocent effet oratoire :

— Votre mari a cruellement souffert, ma petite madame !

— Soit ! reprit Henriette, mais il m’a fait souffrir, moi aussi… Vous ne pouvez pas comprendre, monsieur le bâtonnier : je l’aimais encore, et déjà il ne m’aimait plus. Il me haïssait. Si vous croyez que ce n’est pas cruel, cela !…

— Vélines ignore votre fuite ?

— Oui. Nous nous étions séparés le matin, froidement, mais sans explication. Sa grand’mère l’avait appelé à Rouen : il s’était empressé de partir.

— Il doit revenir après-demain ?

— Après-demain.

— Il trouvera la maison vide ?

— C’est ce que j’ai voulu. Plutôt que de le menacer à l’avance, vainement, j’ai préféré attendre une circonstance favorable et le mettre en présence du fait accompli.