Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/386

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sommes alors capables de beaucoup de bien ou de mal. Tâchons, ma petite madame, de faire tous deux, sûrement, délibérément, beaucoup de bien aujourd’hui… Voulez-vous ?

— Certes oui, monsieur le bâtonnier !

— Même s’il vous en coûte un peu de gloire, un peu de réputation, une belle occasion de briller ?

Elle le regardait, légèrement anxieuse,

— Ah ! continua-il, se plaisant à l’intriguer, c’est que le bien nous revient cher quelquefois !… Aussi le pratiquons-nous rarement… Un médecin a tout bénéfice à guérir son malade en le soignant : un avocat se ruinerait à répandre la paix dans sa clientèle… Tenez, quelqu’un l’a bien compris, c’est Lamblin, sur le compte duquel hier, salle des Pas-Perdus, courait une histoire fort amusante. Lamblin recevait, il y a quelque temps, une lettre de madame Leroy-Mathalin, la plaideuse que nous connaissons tous. Elle était en litige avec un fournisseur encore anonyme et consultait le cher maître sur ce point : peut-on refuser livraison d’une marchandise dont le prix a été soldé ? « Gagnerai-je mon procès ? » interrogeait-elle en terminant. Lamblin, pour qui toute cause est juste, dès qu’il espère la défendre, examina longuement le cas et s’empressa de répondre à sa future cliente par l’affirmative, sans oublier de citer un peu de jurisprudence à l’appui… À quelques jours de là, on introdui-