Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/385

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l’analysait, jouissait de travailler, à son gré, cette âme féminine en désarroi.

— Il faut que vous m’aidiez dans une bonne œuvre, ma petite confrère : vous me serez une auxiliaire indispensable dans la tache que j’entreprends. … Nous autres avocats, on peut bien nous blaguer pour notre désinvolture à l’égard de la vérité. Hélas ! notre métier n’est pas de la proclamer toujours témérairement. Mais, s’il entraîne à certaines défaillances, il possède aussi de magnifiques privilèges moraux. On vante le médecin pour le pouvoir qu’il exerce sur le malade. Sacrebleu ! nous en avons un autre, et diantrement plus efficace, sur le client. Et je suis sûr que vous, avec votre cœur et votre sensibilité, vous avez conçu cela bien mieux encore que moi-même.

— C’est pour cela que j’adore ma fonction, repartit Henriette. Lorsque, dans une journée, quatre ou cinq malheureuses sont venues déballer leur sac de misères, de fautes, de soupçons, me confiant tout, leur conscience, leur conduite, leur existence, j’ai le sentiment d’avoir atteint à un rôle supérieur : un rôle où l’on tient entre ses mains les ficelles qui feront mouvoir ces pauvres marionnettes. Véritablement l’avocat règne sur elles.

— Vous avez bien dit, reprit Fabrezan, nous tenons les ficelles mystérieuses et notre très relative sagesse a de grosses responsabilités. Nous