Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/388

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de madame Marty, la plaidoirie que vous avez certainement un peu préparée déjà.

— Comment ! monsieur le bâtonnier ?…

Fabrezan devint grave soudain :

— Décidément, il ne faut pas que ce procès ait lieu. Parbleu ! je sais trop bien que je le gagnerais : j’ai trop d’expérience pour penser qu’un tribunal remette à une mère l’enfant qui, confié au père, s’est échappé de chez lui pour la rejoindre. Ce serait la justification de toutes les escapades de galopins. Mais le sort de cette femme est lamentable, et, surtout, que dirons-nous de celui du malheureux gamin ! Il n’a été ni adultère, ni orgueilleux, lui… Voilà trois êtres dont l’un est innocent, l’autre abusé par des doctrines outrancières ; le troisième, si peu coupable au sens profond, terrible, du mot… Tous les trois se martyrisent, se tuent. La faute la plus grave, savez-vous qui l’a commise ? c’est madame Marty en divorçant. Oui, oui, je dis bien : en divorçant. Combien cette femme eut été plus grande dans le pardon !.,. De l’intransigeance dans le mariage ? allons donc ! quelle erreur ! L’homme a sa fougue, son tempérament inquiet, sa sensualité impérieuse ; la femme a son humeur, une certaine inconstance mentale qui la fait aimer avec des fluctuations ; elle est inégale, soumise à ses nerfs, quelquefois incapable de comprendre le mari. Mais que diable ! malgré tout, on s’arrange : on ferme les yeux, on se