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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/389

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fait de mutuelles concessions, et l’épouse, indulgente à une trahison passagère, peut encore demeurer en reste envers celui qui s’accommode patiemment de son caractère, qui ne cesse de la considérer comme sa vraie compagne, la reine du foyer… Et même, admettons que la générosité soit toute du côté de cette épouse, qui la blâmera si elle sait ainsi reconstituer le bonheur de sa maison ? Madame Marty ne l’a pas su. Elle a été l’ouvrière de cette ruine… Chère enfant, faites ce que je vous demande. Alembert est vaincu. J’ai la conviction qu’il a toujours continué de chérir cette belle Suzanne Marty ; il a mené, depuis son divorce, une vie de dignité, de deuil, irréprochable. Voyez votre cliente, sondez son cœur : il ne se peut pas qu’un sentiment de compassion ne s’y allume devant le chagrin de celui à qui elle a si longtemps appartenu. Je vous le jure, ce sont deux nobles êtres, deux êtres d’élite, ils se font pitié l’un à l’autre, et, de plus, une même tendresse douloureuse les dévore : elle et lui aiment également ce pauvre enfant né d’eux. Combien la conciliation serait facile ! Des forces toutes puissantes les tirent l’un vers l’autre, la plus faible impulsion suffirait pour jeter cette femme dans les bras de son mari… Hein ? qu’en dites-vous, petite madame ? est-ce que le geste ne vous tente pas ?

L’avocate avait pâli et ne répondait aucunement. Les objections lui venaient en foule, mais elle n’osait pas les formuler, sentant bien que la