Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/405

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parents, qui voient leur enfant pâtir si cruellement, ne pourraient-ils, à l’amiable, s’entendre pour atténuer la rigueur de la situation ?

— Ma requête est celle-ci, reprit madame Marty, je demande simplement pour Marcel le régime de l’externat.

Henriette et Fabrezan regardèrent Alembert. Il était devenu livide et continuait à ne pas répondre. Peut-être cette prière, dans la bouche de l’orgueilleuse épouse dont il avait si durement éprouvé l’inflexibilité, l’ébranla-t-elle plus que tout. Sa main nerveuse glissa sur son front, releva la touffe de cheveux qu’il portait sur la tempe. Lui aussi avait changé : le stigmate des douleurs morales, la patte d’oie insidieuse, bridait ses yeux trop jolis autrefois, ennoblissait ce visage d’intellectuel en lui prêtant un surcroît d’âge factice, et sa figure était marquée par toutes les fatigues de la vie. À cette heure, le souvenir lui revenait de ces luttes, de cet acharnement qu’il avait mis à ravir l’enfant de cette pauvre femme. L’avait-il assez abreuvée de chagrin après l’avoir trahie !… Et il se revit dans la chambre de l’actrice, parmi les corbeilles d’orchidées où elle trempait son petit nez d’animal voluptueux. Alors, il voila de ses mains ses paupières closes.

— Vous refusez ? demanda Suzanne.

— Mon cher… commença Fabrezan.

Mais Alembert, se redressant, appela :

— Marcel !