Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

infinie pitié le gagnait : ses bras se soulevaient deux-mêmes pour l’étreindre, il aurait voulu être seul avec elle et sangloter, la tête enfouie dans sa robe.

Il ne répondait pas. Suzanne poursuivit :

— Madame Vélines, mon avocat, a bien voulu m’accompagner aujourd’hui… Nous venons vous présenter une requête.

Henriette, qui était restée silencieuse, se rapprocha de sa cliente ; de son côté, Fabrezan reprit sa place auprès d’Alembert, pendant que Marcel, loin de là, se tenait debout contre une fenêtre, l’air farouche, tout frémissant de la honte d’être ainsi disputé comme un butin, lui qui se sentait déjà, dans sa précocité, l’âme d’un homme.

Fabrezan, jouant la sévérité, déclara :

— L’arrêt de la cour a été formel : la garde de l’enfant confiée à monsieur Alembert, avec faculté pour madame Alembert de le recevoir tous les jeudis, ou de le voir une fois par semaine dans l’établissement où il pourrait être interné. Mon honorable adversaire, madame Vélines, a-t-elle à objecter quelque chose ?

— Monsieur le bâtonnier, dit Henriette, ma cliente est dans un état de santé qui donnait, il y a quelques semaines encore, de graves inquiétudes. Le chagrin qu’elle a eu d’être séparée de son fils, les émotions de ces procès successifs l’ont brisée. Elle a droit à des égards particuliers. Ces