Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/420

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

seriez-vous arrivé trois heures plus tôt, vous auriez trouvé la maison vide, mon ami, ni plus moins ! Le soir du jour de l’an, elle avait pris bébé et la bonne, ses vêtements, son linge, ses paperasses, et s’en était retournée chez les Marcadieu. Elle en avait assez… Eh oui ! Vélines, on peut perdre gros à ce jeu dont je vous parle. De ce que cette délicate Henriette ne vous a point fait de scènes vulgaires, vous avez cru pouvoir conclure que tout allait pour le mieux. Cependant elle a bien souffert ; tant souffert même, qu’elle s’est enfuie. Si elle est revenue, — elle n’est revenue que tout à l’heure, notez-le ! — c’est pour obéir à un strict devoir, c’est pour vous conserver votre enfant et votre foyer… Vous êtes abasourdi ? C’est bon : voilà qui est fait ! vous n’aurez plus l’excuse de n’être pas averti. Si c’est une preuve d’amitié que je vous ai donnée aujourd’hui, reconnaissez-la en paraissant toujours tout ignorer, car je viens de trahir votre femme.

Vélines, en effet, paraissait atterré. Il demanda :

— C’est vous qui l’avez déterminée à revenir ?

— Non, Vélines, non, ce n’est pas moi. Elle n’a obéi qu’à des voix intérieures. À mon sens, elle est revenue si spontanément, que c’est véritablement un nouveau don d’elle-même qu’elle vous a fait en ce jour ; et c’est de vous voir dédaigner cette offrande qui m’a révoltée et rendue indiscrète… Maintenant, à vous d aviser. Adieu.