Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/419

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un millionnaire qui mettrait un louis sur le tapis. Il s’était rembruni, peu satisfait d’être sermonné. L’avocate s’assit auprès de lui :

— Moi, je crois impossible que vous n’aimiez plus Henriette ; mais, vraiment, mon cher, vous paraissez trop bien disposé à la considérer comme une valeur de tout repos dont on jouit en sûreté, dont on se soucie d’autant moins qu’on est certain qu’elle rapportera toujours… Ah ! si vous pouviez soupçonner la fragilité de votre bonheur, et à quel cheveu il est suspendu !

Vélines, ne voyant pas où elle voulait en venir, cherchait à comprendre.

— Ai-je mal agi envers Henriette ? demanda-t-il.

— Quand on a une femme comme la vôtre, Vélines, on ne la traite pas en quantité négligeable. Elle a droit à l’amour, aux petits soins, à la tendresse, à l’adoration, à tout ce dont vous l’avez privée. Votre indifférence l’a excédée.

— Elle vous l’a dit ?

— Mieux que cela !…

Elle s’arrêta, hésitant une seconde si elle irait jusqu’au bout. N’était-ce point violer le secret d’Henriette ? La tranquille assurance de Vélines, cette confiance presque naïve dans son sort de privilégié, la décida soudain.

— Et puis, tenez, tant pis : je lâche le paquet !… Votre femme ? elle avait quitté votre domicile, tout simplement. Seriez-vous arrivé cette nuit,