Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/433

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dresse, ou s’en contentera-t-elle ? Aurez-vous de l’allégresse à vous renoncer entièrement pour sa seule joie, et une douceur à ne tenir que de lui votre subsistance ? Êtes-vous une vraie amoureuse, enfin, Louise ?

Il faisait nuit maintenant. Louise était rentrée dans la pièce. Henriette ne la voyait plus, même en se retournant vers le fond de la salle à manger. Soudain, avec le grattement d’une allumette, une lueur éclata : des prunelles humides brillèrent avec le long éclair d’une rangée de dents entre deux lèvres tremblantes. Une lampe était posée sur la table : Louise l’alluma. L’abat-jour décrivait un cercle étroit de clarté. Mince et grande, la jeune fille restait debout dans la pénombre, souriant toujours.

— On gelait, à cette fenêtre, dit-elle enfin ; permettez que j’aille prendre un châle et attendez-moi près du feu…

« L’étrange fille ! » pensa Henriette.

Dans la chambre voisine, l’armoire en pitchpin grinça. Henriette perçut le bruit de gouttelettes d’eau tombant dans une cuvette : puis Louise reparut, pimpante, les paupières fraîchement lavées, n’ayant oublié que le châle. Elle saisit la main d’Henriette, l’écrasa dans la sienne et murmura :

— Merci ! grâce à vous, je me connais mieux moi-même. Ce que vous disiez tout à l’heure, oui, je crois que je le suis vraiment, car je sens