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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/453

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galerie, un municipal baillait. Une femme, tête nue, sortant du cabinet de conciliation, avec un enfant dans les bras, traversa la sombre galerie des Prisonniers, où son pas retentit Un huissier audiencier, se dirigeant vers le vestibule de la cour de cassation, passa et salua Puis un grand silence reprit.

— Henriette… dit André, à la fin. (Et sa main chercha celle de sa femme.) Henriette, tu renonces à cette cause pour moi.

— Certes non ! j’aurais eu, au contraire, trop de joie à m’en charger. Mais je ne puis pas, je te jure que je ne puis pas. Je ne la sens pas, cette défense : j’aurais été au-dessous de tout en plaidant.

— Henriette, tu m’as connu jusque dans mes pires faiblesses : peut-être est-ce une générosité de ton cœur. Tu cherches à panser les blessures de mon orgueil.

Elle répliqua, sans perdre son sang-froid :

— Refuserais-tu cette cliente que je me désintéresserais d’elle totalement.

André, les yeux fixés au dallage, murmura :

— C’est que notre situation est si étrange !… Cependant notre union n’a point subi les entailles profondes qui désagrègent à tout jamais le mariage. Je ne t’ai point trahie, Henriette ; notre fidélité n’a jamais été ébranlée. Nous pouvons nous regarder sans rougir.

Henriette, ressaisie par d’affreux souvenirs, dit tristement :