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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/456

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qu’à l’intérieur une architecture unifiée harmonisait couloirs, vestibules, galeries, chambres d’audiences, dans ce seul aspect glacial que lui a donné le second Empire.

Ce jour-là, une vie intense y fourmillait. Dès onze heures, une cohue de journalistes se pressait aux portes de la place Dauphine et de la cour de Mai, tandis que le vestiaire était assiégé par un flot sans cesse grossi de dames du monde, qui venaient relancer jusque-là les avocats en manches de chemise, pour obtenir une introduction, parfois sur le seul souvenir d’un dîner où l’on avait été voisins, l’autre hiver. — Lecellier, le bâtonnier, se débattait entre quatre jeunes femmes qui joignaient les mains. Parmi les parterres abondants de leurs chapeaux démesurés, son crâne rose apparaissait tout suant. Il était en gilet, sa toque d’une main, sa robe de l’autre, sans nulle majesté, sinon celle qu’un grand titre invisiblement vous confère. Le conseiller qui présidait cette session des assises montait le petit escalier de la galerie Lamoignon pour aller revêtir sa robe rouge. Il était important et soucieux ; ses deux assesseurs le suivaient à peu de distance, tandis que ces messieurs du jury traversaient, un peu honteux de leurs vestons, le vestibule de Harlay bourdonnant comme une ruche.

Il occupait toute cette face ouest du Palais qui, par trois portes, s’ouvre sur la place Dauphine. Un dallage somptueux et poli contribuait, avec