Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/457

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la blancheur des murailles, à son aspect marmoréen. La voûte était si lointaine, que le décor froid, les moulures, les grecques, les caissons s’y distinguaient à peine. Vis-à-vis de la porte centrale, un double escalier monumental se creusait et menait à la salle des assises. Sous les révolutions du degré, une sorte d’ædicule païen abritait, glaive au poing, une Thémis géante. Elle apparaissait ainsi, dès l’entrée, dans un demi-jour neigeux qui semblait animer les plis de pierre de son péplum. Elle y était hautaine et redoutable. Une foule anxieuse se bousculait sans la voir et gravissait les marches. Là-haut, on se battait aux portes de l’enceinte publique ; les municipaux luttaient en vain pour défendre le tambour de cuir vert. Les belles invitées et les avocats s’engouffraient dans un petit escalier secret, en colimaçon, dit « des témoins ». et la salle, pareille à l’église d’un monastère, avec son assistance, son vaste prétoire en manière de chœur, réservé à l’Ordre, et le tribunal, autel de ses pontifes rouges, commençait à grouiller.

Cependant les autres rouages de l’immense machine judiciaire, fonctionnaient toujours. Au tribunal civil, une à une, les audiences s’ouvraient. Désireux de s’avancer dans les rôles, en vue des vacances prochaines, les juges accéléraient les débats. Les avocats, leur serviette béante, semblaient se presser, se poursuivre pour arriver plus tôt à la barre. En correctionnelle,