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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/49

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Le public qui les entourait, le coup tendu vers le tribunal dans l’attente du jugement, ne les gênait plus guère. Ils s’étaient tournés vers la fenêtre. Soudain Vélines tressaillit ; sous l’étamine de sa large manche noire, une petite main s’était insinuée qui serrait la sienne. Henriette avait une larme au bord des cils.

— Pas ici Vélines plus tard vous me direz cela ; je vous promets de méditer sur vos paroles. Apprenez seulement que j’ai confiance, que j’ai toute confiance en vous.

Et, avec ce mélange d’ingénuité, de naturel et de raison qui était tout son tempérament, elle continua, très touchée d’ailleurs par le désarroi où elle voyait le jeune homme :

— Pendant que vous m’observiez, je vous étudiais aussi… depuis deux ans je vous étudie, et il faut bien le dire, Vélines, je n’ai jamais découvert en vous quelque chose de vilain, ni dans vos actes, ni dans vos paroles. C’est rare, cela, vous savez. Alors, je vous estime beaucoup.

— Et vous, Henriette, vous êtes pour moi une jeune fille sacrée ! je ne puis dire quelle vénération se mêle à ma tendresse… Ah ! nous serions heureux !

Au fond du prétoire, la voix du président s’éleva monotone, indistincte, enfilant les attendus :

Attendu que la dame d’Estangelles introduisait le 17 janvier contre son mari une instance