Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/86

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tyrannie masculine apparaîtra, vous perdrez toute indépendance, vous n’aurez plus la liberté de vous donner, à votre gré, aux travaux qui vous sollicitent.

Henriette était fort troublée par ces paroles : toute sa tendresse de fiancée se révoltait, en même temps que son orgueil approuvait secrètement la leçon de cette fière divorcée.

— Mais, dit-elle enfin, monsieur Vélines est un galant homme dont je n’ai pas à craindre la tyrannie. Je ne puis le considérer d’avance comme un ennemi dont on se garde. Je l’aime, Suzanne.

— Ah ! reprit la triste jeune femme rêveusement, nous aimons toutes, nous aimons trop ; c’est ce qui nous perd…

— Je ne peux lui refuser ce voyage en Écosse qui doit nous prendre plusieurs semaines…

Madame Marty se tut, un instant ; puis, debout :

— Chère amie, je n’ai plus rien à dire ; ici la question devient trop délicate, et j’y suis trop intéressée pour vous donner un conseil précis. Je vous confie ma cause, qui est, comme vous l’avez dit très bien, celle de mon bonheur même. Voyez si vous pouvez la défendre et répondez-moi au plus vite. Jugez-en, non pas au point de vue de votre amitié pour moi, mais à celui de votre dignité propre, de votre personnalité contre laquelle se livre le premier assaut…