Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/85

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votre sincérité ; sur son expérience, celle de votre cœur… Oui, Henriette, il était temps que la femme fût au barreau pour y aider les femmes…

— Mais, chère amie, dit encore Henriette, hésitante, vous savez aussi que je me marie dans huit jours ?

— Ma chère, reprit l’amère Suzanne, j’espère bien que le mariage ne portera pas atteinte à votre intégrité intellectuelle, et que mariée, Henriette Marcadieu demeurera Henriette Marcadieu, avec tout ce que ce nom signifie pour moi de personnalité vigoureuse…

Henriette, en pleine ferveur de tendresse, pensait à André Vélines ; elle prononça comme une profession de foi amoureuse :

— Je veux être, avant tout, la femme de mon mari.

— Il faut être, avant tout, vous-même. Certes, une femme comme vous a droit à l’amour. Pourquoi l’intellectuelle se priverait-elle du bonheur de l’épouse, des joies de la famille ? Oui, vous avez raison de vous marier, mais à la condition que le mariage ne vous diminue en rien. Je n’ai pas ici de préoccupation égoïste : s’il s’agissait du procès d’un autre, je vous parlerais de même, car c’est au lendemain même de votre mariage qu’il importe d’imposer à votre mari les obligations de votre métier, de le forcer à les reconnaître. Si vous tardez, croyez-moi, ma petite, la