Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/89

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— Je me marie lundi, monsieur le président : je réclame l’indulgence de la cour.

On rit. L’affaire, une dissolution de société, fut remise en mars Déjà le public ne regardait plus que ce grand avocat au masque énergique, bien connu des habitués du Palais, et dont un coin de vie intime venait d’apparaître. Ah ! il se mariait lundi ! Parmi les rares femmes présentes, une initiée put dire qu’il épousait une avocate. La curiosité redoubla. Quand il quitta l’audience, le bras noué à celui de Maurice Servais, on le dévora des yeux : on cherchait à pénétrer sa pensée illisible. Quoi ! cet homme grave aimait ! Quelle sorte d’amoureux faisait-il ? Et l’on imaginait son roman. On chuchota ; ces murmures le flattèrent.

— Ah ! vous avez de la chance, vous ! soupira Servais, quand ils furent dans la galerie neuve de la cour d’appel.

— Vous n’avez rien à m’envier : mademoiselle Pernette est délicieuse.

— Oui, mais je ne l’épouse pas encore !

— Quoi ! mon pauvre Servais, toujours des obstacles ? murmura discrètement Vélines.

À la vérité, ces obstacles n’étaient un mystère pour personne. Ce stagiaire de génie, ce grand enfant prodigue ne gagnait pas cent francs par mois. Mais la constance laborieuse de Louise, qui s’exténuait sur le code civil pour acquérir à son tour du talent, ne se décourageait pas. Ils