Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/90

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fondaient, l’un sur l’autre, un espoir magnifique.

— Nous nous marierons dans deux ans, déclara-t-il fièrement.

André Vélines qui, avec sa bonté froide, s’intéressait passionnément à l’idylle de ces jeunes gens, reflet de la sienne, avait choisi Servais pour lui confier différents procès qui devaient venir au rôle durant le voyage de noces : autant de moyens de le faire connaître. Et il le retint une dernière fois, à la balustrade de l’escalier d’honneur, pour lui présenter certaines pièces des dossiers. Comme il le devinait impatient :

— Vous êtes pressé, Servais ?

— Oui, oui, balbutia le jeune homme, j’ai rendez-vous avec un confrère, à trois heures, dans la galerie Saint-Louis.

Vélines s’égaya : ce confrère-là, il n’était pas besoin de le nommer…

— Moi aussi, je suis pressé, expliqua-t-il, ma fiancée et sa mère m’attendent chez moi, à trois heures, également, pour vérifier une dernière fois l’effet des meubles dans l’appartement.

Ils se séparèrent. Servais fila comme un détenu qu’un libère, Vélines lui lança :

— Écrivez-moi Hôtel de France, à Édimbourg.

Et, plus tranquille que l’autre, assuré, lui, de son bonheur, il entra se dévêtir au vestiaire. En déposant la toque au fond du carton marqué de son nom, il se dit qu’elle y dormirait de longues