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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/93

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étaient mélancoliques, d’une mélancolie poétique et douce d’amoureux très jeunes.

Alors Vélines oublia son avidité de gloire, la vie judiciaire, le Palais entier. Il touchait à cette période presque religieuse qui précède de quelques jours le mariage, période de recueillement instinctif préparant l’union. Tout s’évanouissait devant l’idée de recevoir bientôt dans sa maison sa chère Henriette. Et il ne trouvait rien d’assez beau pour orner, en l’honneur de sa fiancée, le logis où depuis si longtemps il travaillait seul. Comme il franchissait une des petites portes de la galerie de Harlay, sa maison lui apparut, un peu de biais, en perspective, au fond de la place Dauphine, dans ce quartier très silencieux qu’il avait choisi pour y vivre. À penser que dans quelques jours il s’unirait là à Henriette, il eut un sursaut de bonheur qui lui sembla valoir toutes les apothéoses. Puis, presque au même instant, la voiture des dames Marcadieu débouchait là-bas du Pont-Neuf : il hâta le pas pour aller les recevoir…

Madame Marcadieu, sous son flegme, cachait une vive contrariété : elle se souvenait maintenant de n’avoir pas réclamé, chez l’orfèvre, en examinant l’argenterie, contre une erreur de détail commise dans le dessin des flambeaux que l’on avait copiés sur un modèle ancien. Elle venait voir si l’erreur était réparable. Elle craignait aussi qu’on n’eût garni d’une passementerie