Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/94

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trop haute la tenture en perse du petit salon. André, murmura tout bas Henriette, un peu nerveuse, je voudrais vous parler longuement. Nous laisserons maman s’occuper des tapissiers…

André Vélines habitait là le premier étage d’un très bel hôtel Louis XIII. Jamais il n’y avait introduit sa fiancée sans émotion ; mais, aujourd’hui, l’heure était plus solennelle il voyait dans cette visite d’Henriette une répétition, un essai de l’entrée définitive, et il ne put s’empêcher de lui dire, comme ils gravissaient l’escalier :

— Encore six jours, et nous viendrons ici tout seuls !

— J’adore ce coin de Paris, reprit-elle ; mars connaissez-vous la légende qui l’illustre ? Là où s’élève cette maison demeurait jadis un boulanger ; le boulanger fabriquait des pâtés délicieux et tout Paris voulait en manger. Or dans ses pâtés il mettait la chair des petits enfants : on le sut ; on le brûla, et sa maison fut rasée…

— Dans cent ans, murmura Vélines amoureusement, je veux qu’on dise : « En cette maison vécut la plus heureuse des femmes, la plus aimée, la plus fidèlement servie, parce qu’elle était la plus douce, la plus jolie, la meilleure et… »

Il n’acheva pas on était arrivé à la porte de l’antichambre. À l’intérieur, retentissaient encore les coups de marteau des ouvriers ; des papiers d’emballage traînaient à terre, et l’on s’embar-