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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/97

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— Oui, c’est gros, répéta Henriette, trop gros pour moi, et même j’en suis un peu épouvantée, je ne vous le cache pas. J’avais hâte de vous l’apprendre, André je savais bien que vous seriez content, vous qui m’aimez tant, de savoir cette aubaine qui va vraiment inaugurer ma carrière.

— Vous avez accepté ? demanda-t-il vivement. Et comme Henriette disait oui, il sourit encore, affectueusement, paternellement, et il chuchotait en lui caressant la main :

— Chère petite, je le crois bien, que je suis heureux !…

— Savez-vous, mon ami ? reprenait Henriette avec ce demi abandon de la vierge à la veille des noces, c’est pour vous surtout que je suis fière ! Et elle s’attarda, un moment, à lui baiser les cheveux, le front. À cet instant, il semblait à André que les caprices d’Henriette étaient sacrés, même cette folle entreprise de plaider dans une telle affaire.

— Seulement, ajouta la jeune fille, hésitante, je ne vous ai pas tout expliqué, André. Ce procès va me prendre beaucoup de temps, et peut venir au tribunal dans quelques semaines : alors… notre voyage en Écosse…

Il ne répondit pas. Ses yeux errèrent sur les sujets couleur indigo des perses à fond crème. Cette excursion en Écosse était la seule partie de plaisir que se fut jamais accordée sa jeunesse