Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/99

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— Après tout !… dit-il.

Cela signifiait que, pour contenter Henriette, on pouvait bien donner au monde le spectacle le plus extraordinaire. Qu’elle jouât avec son joujou et qu’elle le brisât même, le joujou fût-il le plus poignant des procès !… D’ailleurs Vélines connaissait trop, pour les avoir plaidées, ces affaires d’attributions d’enfants. Quel rôle y tient l’avocat ? Il élabore, après l’avoué de sa partie, un dossier qu’il étale devant les juges. Le tribunal n’a jamais de longs embarras, l’intérêt de l’enfant, seule considération à retenir, frappe vite l’esprit des magistrats, si experts en la matière. Donc, au point de vue de la plus rigoureuse conscience, la cliente d’Henriette ne risquait que peu.

— Et puis je vous aiderai, ajouta-t-il tout haut ; vous me montrerez vos pièces, quand vous les aurez reçues.

Mais elle se mit à rire, à son tour, et si gaiement, si doucement, qu’on ne pouvait sentir tout ce qu’il y avait, sous ce rire, de volonté tenace, d’opiniâtreté, de décision.

— Ah ! non, non, André : je veux travailler toute seule ; il ne faudra pas m’aider… Je ne prononcerai pas vos plaidoiries !

Les conseils de Suzanne Marty lui revenaient en mémoire : « C’est au lendemain même de votre mariage qu’il importe d’imposer à votre mari les obligations de votre métier, de le forcer à les reconnaître. Si vous tardez, croyez-moi,