Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/119

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— Entendez-vous, Arnaud ? criait-elle tout à coup ; il dit que c’est Florence qu’il préfère.

Puis elle lui demandait ce qu’il avait peint là-bas ; et comme il révélait l’inaction complète de ces deux années :

— Entendez-vous Arnaud ? il dit qu’il n’a pas pris une brosse pendant ces deux ans. Est-ce assez admirable ! deux ans sans rien faire, à voir ! Oh ! je suis si émue en pensant à ce qu’il va produire enfin !

Elle voulut lui prendre la main pour y lire dans les lignes. Alors, ce furent des exclamations.

— Oh ! Arnaud, je vois des choses si extraordinaires, tant de génie, tant de succès, tant de célébrité, tant d’amour !

— C’est vrai ? demandait Jeanne en se penchant, intéressée ; il sera heureux, miss Spring, il vivra longtemps ?

— Oh ! du génie, du génie ! continua l’Anglaise. sans répondre. D’ailleurs, voyez quelle main, si intelligente, si puissante. Oh ! dear ! il faut que je la baise pour good luck. Oui, je suis vieille, j’ai cinquante ans et pourrais être votre mère, cher monsieur Houchemagne ; donnez que je baise votre main qui a peint de si belles choses.

Et elle y posa ses lèvres dévotement, comme une femme pieuse baise une médaille. Blanche Arnaud, qui s’avançait avec le plateau de thé, s’écria :