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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/169

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qui peuplaient ses rêves, les deux écoles exaltées qui l’attiraient pareillement, celle de la vie, celle de l’idéal, et par-dessus tout Nicolas qui, de sa voix bonhomme, un peu traînante, des Français de l’Île-de-France, disait sur l’Art des choses enflammées. Dressée dans sa forme longue et frêle de fille de quatorze ans, avec ses cheveux blonds si doux et ses yeux verts si cruels, elle déclara :

— Je suis artiste.

Et une audace extraordinaire lui venant, dans un coup de révolte contre la résistance des siens, hostile, irritée, frémissante de désir, elle alla chercher dans le tiroir de sa table une liasse de dessins copies des fleurs de sa mère, croquis d’après nature, vierges antiques prises au magasin des Dodelaud. Elle les jeta sur une table :

— Voilà ce que j’ai fait depuis deux ans.

Les parents stupéfaits s’entre-regardèrent. Ils examinaient les dessins sans se rien dire. Ils avaient des larmes dans les yeux. Marcelle sentait comme une fumée capiteuse lui monter au cerveau.