Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/193

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Ah ! qu’elle souffrait ! Combien elle était peu faite pour cette existence mesquine. Sans doute personne ne l’aimerait. D’ailleurs, malgré ses lectures qui ne lui laissaient plus ignorer grand’chose, elle conservait un mépris, un dédain de l’amour, un dédain d’enfant, d’adolescente flegmatique. Beaucoup de ses compagnes d’atelier avaient des amants ; elle les trouvait humiliées, asservies pour s’être données à ces jeunes hommes si médiocres. Ce qu’elle aurait voulu, c’était la fortune et la gloire. Et elle sanglotait sur l’appui de la fenêtre jusqu’à l’heure où, en face, madame Dodelaud, en bonnet de nuit, venait au balcon du premier pour arroser ses fleurs.

Et à qui se confier ? Elle avait bien essayé de rechercher l’intimité de François, qui n’était pas un méchant garçon. Mais sa liaison avec la comtesse Oliviera absorbait le jeune homme. Il avait dit à Marcelle : « Tu sais, elle est ma femme, maintenant. »

— Ah ! tu es heureux, au moins, toi ! s’était écriée sa sœur ; tu as enfin quelque chose de bon dans ta vie.

— Tu crois ça ! depuis qu’elle est ma femme, elle ne m’amuse plus. Je ne la croyais pas si sotte.

— Elle t’aime beaucoup ? demandait Marcelle avec curiosité.

— Ah ! elle m’en embête !

Souvent elle les imaginait enlacés, et, bien que