Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/195

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pas tout à fait venue, et la boutique où ils s’attardaient restait seule ouverte, avec ses fouillis de chefs-d’œuvre à la vitrine illuminée. Nicolas demanda :

— Voyons, qu’est-ce que vous admiriez ? Où va votre goût dans tout ceci ? Je voudrais savoir…

Une seconde fois les yeux verts, avides et peureux, se levèrent sur l’artiste et s’abaissèrent en silence.

— Mais oui, vous m’intéressez, petite cousine, reprit Nicolas. Je me doute que vous pensez beaucoup plus que vous ne le dites.

— Oh ! oui !

Marcelle avait dit ces deux mots douloureusement, passionnément, comme un cri de détresse, les yeux une troisième fois plongés dans ceux de Nicolas ; puis, tout de suite, comme si un sceau s’était brisé et que son cœur débordât enfin :

— Je suis une aveugle qui cherche, qui cherche seule ; personne ne s’occupe de moi ; mon patron n’est qu’un maître de dessin. J’aurais besoin d’une lumière. Vos théories m’attirent et me repoussent en même temps. Mais sans cesse elles me hantent. Nicolas, je voudrais être votre élève. Oui, il me semble qu’auprès de vous je serais en confiance, que j’accepterais les yeux fermés toutes vos idées, que je me laisserais conduire.

Houchemagne était très touché, très attendri. Certes, il avait une foule de disciples, surtout parmi ce groupe de jeunes artistes qui avaient