Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

entrepris la rénovation de l’imagerie religieuse. Mais c’étaient de jeunes hommes faits ; leurs idées étaient nées en même temps que les siennes, plutôt que de son influence. Tandis que cette enfant était une petite fille réfractaire que sa parole seule avait troublée, et si puérile avec ses dix-sept ans ! si gamine encore un être à former entièrement. Ils s’étaient acheminés ensemble vers le quai. Il répondit :

— Mais je serais bien content de vous convaincre.

— Je n’ai qu’une peur, dit Marcelle avec une sorte de recueillement, c’est d’opposer mon matérialisme franc, net et sûr, à vos rêveries qui me charment, mais ne me trompent pas. J’aime tant ce qui est vrai !

— Mais le rêve est quelquefois plus vrai que la réalité, Marcelle, en art surtout ! Voyez, j’ai peint saint François conversant avec les oiseaux, prêchant les poissons. Vous me direz : « Vous avez peint un mensonge, jamais les hommes et les bêtes n’ont entendu un même langage » ; peut-être ; mais il n’en demeure pas moins sûr que rien ne pouvait mieux que cette légende représenter l’âme véritable et céleste du saint. Comment l’exprimer, la faire passer dans l’âme populaire, cette âme presque divine ? Par des attitudes, des poses d’extase ? Mais, Marcelle, de génération en génération, même pour les plus sceptiques, le cher saint François restera toujours, dans l’ima-