Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/208

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réserve, et elle arrivait le rire aux lèvres, folle d’allégresse. Elle lui prit les mains, lui communiquant son rire rien qu’à le regarder :

— Nicolas, écoutez, je voudrais quelque chose…

Et c’était encore une énigme pour lui que la joie de cette grande fille taciturne, la gaieté de ses yeux verts qu’il avait toujours connus aussi froids que des gemmes. Il répondit, un peu dérouté :

— Dites quoi, ma petite Marcelle, et vous l’aurez.

Elle l’amusa cinq minutes encore de ses réticences, et finit par avouer pourquoi elle avait manqué l’École ce matin, bien qu’il y eût un modèle joliment intéressant. Voilà : elle mourait d’envie de connaître l’atelier d’Houchemagne. Oh ! cela au point d’en rêver la nuit, d’en être malade. N’était-elle pas son disciple, n’avait-elle pas promis de le suivre ? Alors, quel enseignement vaudrait jamais le spectacle de ses toiles en œuvre, de ses études, de ses méthodes de travail ? Elle serait si heureuse, si heureuse de le voir peindre, seulement une fois, seulement une heure !

Alors, il parut très contrarié. Quel ennui que la demande de Marcelle fût précisément celle-là ! Oh ! il aurait voulu, il aurait voulu de tout son cœur la satisfaire. Mais cette chose-là n’était pas possible ; jamais, à personne, il n’avait ouvert sa porte ; personne au monde, sauf Jeanne, ne l’avait vu travailler.

— Et ce n’est pas un parti pris, un principe