Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/207

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grands voyages dans tous les pays de l’Art, de la Beauté.

Après qu’elle fut partie, Nicolas se remit à ses croquis, mais l’image de Marcelle était toujours devant lui, excitant sa curiosité, l’intriguant par le mystère de son âge équivoque. Qu’y avait-il au juste dans ce jeune être ambigu, ni femme, ni enfant ? Ne serait-elle pas un jour une grande artiste ? Il l’espérait presque, tant il la sentait diverse, déconcertante, multiple. Alors, en même temps que la féminité de cette petite fille, il verrait, selon son désir, naître un talent ?

Mais comment conquérir son intimité ? Il comprenait si peu les femmes, il les connaissait si mal ! Il jetait un regard en arrière, et quand il pensait que jamais, de toute sa vie, nulle autre que Jeanne n’avait été tenue dans ses bras, il en éprouvait comme une infériorité, une faiblesse. Savait-il même leur parler ? Véritablement, pour les aborder, il en était encore au point d’un garçon de quinze ans qui ne sait que jouer, dire des sottises. Serait-ce le moyen de ravir à cette adolescente le secret de sa formation morale ? Ne faudrait-il pas au contraire composer un personnage, se montrer altier, impérieux, la dominer ? Dès huit heures, le lendemain matin, Marcelle était rue Visconti, demandant Houchemagne. Le sentiment qui la possédait ne connaissait ni mesure, ni calcul. Le désir de voir Nicolas l’emportait en elle sur toute idée de prudence, de