Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/235

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Alors il eut une frénésie de passion pour la retenir. La perdre après l’avoir serrée dans ses bras, après avoir goûté son amour ? Ah ! toutes les tortures morales, oui ; mais que jusqu’à la fin il pût conserver au moins sa présence, ses baisers, la bienheureuse folie de s’aimer si fort !

Dès ce jour-là, Nicolas décida qu’il chercherait deux jolies chambres dont ils feraient le logis de leur amour. L’atelier serait réservé aux leçons d’art, à ces causeries où il reforgerait le talent de Marcelle. Et pendant que la jeune fille, à l’heure de la sortie de l’École, regagnait le quai Malaquais, lui, s’en alla au hasard des rues, guettant les écriteaux appendus aux façades, faisant avec accablement ce premier pas dans le chemin tortueux et clandestin de l’adultère.

Lorsque Marcelle rentra pour déjeuner, une grande nouvelle avait bouleversé la maison. Hélène revenait. Elle revenait au foyer paternel à dix-neuf ans, avec l’âme inconnue que lui avait pétrie avec tant de soins, tant de zèle, tant de sagesse traditionnelle, la sainte madame Trousseline. Paris lui était maintenant nécessaire pour ses études ; elle devait y commencer son stage et s’inscrire pour l’année scolaire à l’École de Pharmacie, et ce n’était pas trop tôt que de chercher dès maintenant l’officine autorisée où elle s’initierait à la pratique du métier choisi. Les Fontœuvre. éprouvaient de ce retour une émotion extraordinaire.