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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/236

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— Es-tu contente, Marcelle ? questionna Jenny Fontœuvre au déjeuner. On ne sait jamais ce que tu penses.

— Que sais-je, moi ! fit Marcelle ; à peine si je connais Hélène. C’est une étrangère que je ne demande qu’à aimer. Voilà tout.

— Qu’est-ce que Marcelle a donc de changé ? dit alors François en dévisageant sa sœur.

— Tu me trouves laide ?

— Non, au contraire.

Le père et la mère, à leur tour, observèrent Marcelle. À la vérité, ils ne s’étaient pas aperçus qu’elle devint si jolie.

— On m’a toujours tant répété que j’étais affreuse, dit Marcelle amèrement.

Madame Fontœuvre ajouta seulement :

— Hélène aussi, nous la trouverons transformée.

La pauvre Fontœuvre avait trop de soucis pour s’occuper beaucoup du physique ni du moral de sa fille : le loyer, les fournisseurs, François qui commençait à faire des dettes, c’était beaucoup pour son esprit léger que l’idée d’une toile, la façon de traiter un fond, de disposer des fleurs dans une corbeille suffisaient à absorber. Elle parvenait toujours à se tirer d’affaire. Les Dodelaud, ou les fils Vaugon-Denis, plaçaient de temps en temps un tableau du ménage, ou bien, de-ci, de-là, procuraient un portrait. Mais après combien d’angoisses arrivaient les cinq cents francs