Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/241

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— Je ne demande pas mieux, répondit Houchemagne, que de donner des conseils à Marcelle. Mais il serait bon qu’elle continuât ses cours. Seldermeyer est un excellent patron pour la technique et il faut avant tout que Marcelle possède un solide métier.

Elle soupira. Ils brûlaient l’un et l’autre de s’appartenir entièrement, même dans l’art. Il était jaloux de l’enseignement d’un autre ; elle réprouvait le moindre avis qui ne tombait pas des lèvres de Nicolas. Mais les cours des Beaux-Arts étaient nécessaires à leur mensonge. Quant au pauvre Fontœuvre, il répondit avec une amertume que Marcelle ne remarqua même pas ;

— Tu es bien libre, ma petite, tu es bien libre. Houchemagne, ce soir-là, partit fort tard. Il ne pouvait se résoudre à quitter Marcelle. Il trouva le moyen de lui glisser à l’oreille qu’il l’attendrait le lendemain, à l’heure du cours. C’était pour la conduire à l’appartement qui devait abriter leurs rencontres. Mais jusque-là, que ferait-il ? Un devoir, qu’il trouvait abominable, s’imposait à lui : écrire à Jeanne une lettre affectueuse, la tromper à chacun de ses mots, jouer une tendresse qu’il n’avait plus. La pitié, un respect presque religieux pour cette admirable femme, une sourde colère contre ses droits d’épouse, un contre-coup de la haine que Marcelle éprouvait pour elle, tous ces sentiments luttaient en lui, le martyrisaient. En rentrant chez lui, il se mit à