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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/260

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paraissait aimer le petit Fabien, on ne l’oublie pas au bout de trois mois pour se jeter dans les bras d’un autre !

— Oh ! prononça François avec lassitude, ma pauvre Marcelle, tu attaches une importance à ces choses !

— Quand on aime vraiment un homme, dit Marcelle lentement, presque religieusement, c’est pour toujours.

Nul ne fit attention au ton singulier dont la silencieuse fille, qui n’exprimait jamais un sentiment, avait articulé cette phrase ; seule Hélène, qui étudiait avec une curiosité passionnée sa mystérieuse sœur, le nota et en conçut une inquiétude imprécise. Mais Marcelle, de plus en plus excitée, continua :

— J’avais vu Nelly pleurer son abandon, je l’avais vue souffrir. Je n’aurais pas cru cela d’elle ; oh ! non, je ne l’aurais pas cru.

— Tu avoueras qu’un Fabien ne méritait pas une éternelle fidélité, remarqua Jenny.

— Mais elle, sa conscience, sa dignité de femme méritaient plus de retenue, déclara Marcelle sévèrement.

— Marcelle a raison, appuya le père ; cette sacrée Darche est une…

Et il fit claquer ses doigts en l’air pour achever sa pensée.

Alors François, de son air éternellement fatigué :