Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/259

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sais, j’en ai maintenant l’assurance, il est son amant.

Si vif est l’intérêt qu’éveillent en nous les récits où l’amour entre en jeu, que soudain toute la famille captivée dévorait des yeux la jeune fille. Mais elle, comme pour dissimuler son indignation, avalait maintenant le potage à petites cuillerées rapides.

— Si elle continue, reprit Fontœuvre en faisant cascader les mots, comme toujours lorsqu’il plaisantait, tout Paris y passera chez cette chère amie !

Mais Hélène était devenue très rouge. Toutes ces histoires de liaisons irrégulières, dont à Saintes elle n’avait jamais entendu que des échos — et encore voilés de quelles métaphores ! — la troublaient extrêmement. Certes, elle n’ignorait pas grand’chose de la vie, mais certaines faiblesses restaient à ses yeux abominables, presque irréelles, enveloppées d’un nuage que ses réflexions n’avaient jamais percé. De tels drames lui semblaient ne devoir se passer que dans les romans, pas, Dieu merci, dans le cercle des gens qu’elle pouvait fréquenter.

— Cette pauvre Darche ! dit Jenny avec indulgence, elle a un cœur si tendre, elle ne peut vivre sans amour.

Marcelle se redressa et sa main qui tenait la cuillère s’agitait fébrilement quand elle dit :

— Lorsqu’on a aimé un homme, comme elle