Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/262

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combien elle se sentait ignorer de choses auxquelles cette petite Marcelle était depuis longtemps initiée ! Que de pensées, sous ce front. illisible, dont Hélène ne pouvait même pas soupçonner la nature. Et cet impérieux besoin de toujours savoir, qui dès l’enfance avait marqué sa personnalité, qui avait si fort inquiété ses maîtres jadis, la tourmentait de nouveau devant ce monde inconnu qu’était l’âme de Marcelle.

— Cette demoiselle Darche, alors, tu la voyais souvent ? Tu allais chez elle, tu y trouvais ses amis ? demanda-t-elle.

— Oui, répondit Marcelle, amusée du scandale qu’étaient pour sa sœur toutes ces révélations.

— Maman te le permettait, et cela ne te gênait pas de savoir que cette personne vivait de cette manière ?

— De quelle manière ?

— De celle… que tu disais tout à l’heure, expliquait la pauvre Hélène, fort embarrassée de s’exprimer sur ces choses.

Marcelle ne répondit rien. Il y eut entre elles deux un silence. À son tour, elle considérait Hélène. Hélène n’était pas moins mystérieuse aux yeux de Marcelle, que Marcelle ne l’était aux yeux d’Hélène. Cette fraîche et forte fille demeurée une enfant, alors qu’elle était déjà femme, attendrissait le cœur froid de l’adolescente. Elle pensait à Nicolas, à leur triste amour, à l’affreuse journée de baisers et d’amertume qu’ils avaient