Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/263

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passée ensemble rue de l’Arbalète, où Nicolas, ravagé de remords, l’avait torturée tout d’abord en ne parlant que de Jeanne, puis étouffée sous ses caresses pour retomber ensuite dans son désespoir. Comme Hélène, sereine et ignorante, lui paraissait heureuse ce soir ! Elle refoula les larmes qui lui perlaient aux paupières et murmura :

— Ma pauvre Hélène, on ne peut empêcher une femme d’aimer !

Mais, si vite qu’elle eût dissimulé ses larmes furtives, Hélène, en sa subtilité, les avait aperçues. À force d’exercer sa divination pour le plaisir de percer des secrets, elle était devenue presque une voyante. Et tout d’un coup, une idée la fit frémir. Est-ce que Marcelle, sa petite Marcelle…

Mais elle ne formula pas l’idée qu’elle se reprocha tout de suite comme un péché. N’y a-t-il pas des choses impossibles simplement parce qu’elles sont impossibles ? Est-il raisonnable seulement de les supposer ?

Et s’avançant, elle lui tendit sa joue. Alors, pour la première fois, Marcelle si froide, si sèche d’ordinaire, serra convulsivement sa sœur en pleurant un peu. Mais elle ne dit que ces mots :

— Comme nous avons été élevées différemment, Hélène !

À partir de ce jour, comme en dépit d’elle-même, Hélène, saisie d’une inquiétude singulière, ne cessa d’épier sa cadette. La nuit, elle écoutait