Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/27

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Et, pour que ce fût plus gentil, il rédigea lui-même l’invitation sur le papier gris perle de Jenny Fontœuvre. Le jeune homme habitait rue de Vaugirard ; il sortait peu. Le pneumatique avait toutes chances de le toucher d’ici huit heures du soir. Ce fut Pierre Fontœuvre qui courut à la poste. Sur le seuil, comme il partait, sa femme le retint.

— Téléphone donc chez Bouchy pour commander quatre douzaines de petits fours glacés en papillotes.

— Mais… interrompit le peintre, le visage effaré.

— Tranquillise-toi, mon gros, dit-elle en lui souriant, j’ai tout ce qu’il faut…

— Tu es un trésor, conclut-il, en lui baisant la bouche derrière la porte.

Juste à ce moment, quelqu’un s’arrêtait sur le palier, et les Fontœuvre, en apercevant une longue silhouette flexible, dans la pénombre, s’écrièrent ensemble :

— Tiens ! Nelly Darche !

Cette mince personne au lorgnon de cristal, à la voix grave, à la taille d’un mètre soixante-quinze, c’était, en effet, mademoiselle Darche, la jeune impressionniste déjà célèbre. Ancienne camarade d’atelier de Jenny Fontœuvre, qu’elle méprisait pour sa peinture mais estimait pour son caractère, elle lui témoignait de l’amitié ; et, comme elle était souvent reçue chez les Fontœuvre,