Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/272

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vue d’un oiseau me ravissait. En ai-je déniché dans les bois de Triel, pour le plaisir de les sentir palpiter dans ma main, de les toucher ! J’étais alors un gamin boueux, tu sais, un gamin en galoches, en sarrau bleu rapiécé. Oh ! Marcelle, voudrais-tu qu’un jour nous retournions ensemble dans ce pays qui m’est si cher ?

À cette pensée, Marcelle, si sérieuse et si grave d’ordinaire, ne contint plus sa jubilation. Il ne fallait pas attendre, c’était tout de suite, au plus tard demain, qu’il fallait accomplir ce joli pèlerinage.

— Songe, Nicolas, une promenade à nous deux, une promenade d’amoureux comme les autres !

Il fut ainsi décidé qu’ils iraient le lendemain déjeuner chez le père Houchemagne, et que l’excursion se ferait très ouvertement, au vu et au su de toute la famille. Nicolas se réjouissait follement ; il en était transformé quand il rentra chez lui, et tout l’après-midi il travailla facilement d’après son nouveau modèle. Il avait pris une toile blanche et s’était avisé de recommencer, dans une idée tout autre, sa figure du Christ. Jésus apparaissait maintenant de face, montrant seulement des deux mains la foule dont il avait compassion. Et ce mouvement, Nicolas en était heureux comme d’une trouvaille ; il le préférait cent fois au précédent. Quant au visage, il fit. simplement un croquis de celui du modèle, pour la construction de la face que cet homme avait admirable.