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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/29

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tion de l’Art ? Nous peindrions encore comme monsieur Ingres. Moi, je ne copie que mon modèle, et mon œil est le seul maître de mon interprétation.

— Monsieur Ingres, monsieur Ingres… Mais tout de même, mademoiselle, sans parlez de votre talent qui est hors de pair, savez-vous que beaucoup d’évolutionnistes modernes gagneraient à regarder un peu plus les tableaux de monsieur Ingres ?

— Il savait dessiner, prononça enfin Nugues, mais ce n’était pas un artiste.

— Oh ! fit Jenny Fontœuvre.

— Jeunesse ! jeunesse ! déclama gaiement Addeghem, qui ne redoutait rien tant, au fond, que de passer pour rétrograde.

Là-dessus, l’adroite Fontœuvre inquiète du ton que prenait la conversation, l’orienta sur une vieille amie commune, mademoiselle Angeloup, la doyenne des femmes peintres, qui tenait encore sa palette d’une main si ferme. Nelly Darche et madame Fontœuvre plaisantèrent ses cheveux coupés court, ses faux-cols d’homme. Une femme avait-elle besoin de se singulariser parce qu’elle était artiste ? Mais Addeghem la défendit.

— Vous en parlez bien à votre aise, jeunes femmes d’aujourd’hui, qui avez trouvé la voie toute faite, un atelier à votre disposition aux Beaux-Arts, un Salon pour vos œuvres et une opinion publique favorable. Il y a cinquante ans,