Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/300

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la haussa jusqu’à ses lèvres, la baisa en tremblant.

— Pauvre amie, dit Nicolas en qui naissait un peu de compassion, pauvre femme blessée qui ne m’as même jamais montré ta souffrance, rien que ta douceur !

Jeanne murmura, la voix étranglée :

— Que veux-tu de moi ?

— Ton pardon, ta pitié.

Elle demanda, plus hésitante encore :

— M’aimes-tu, maintenant ?

Il restait silencieux. Alors elle le prit entre ses bras et le serra passionnément sans rien dire. N’était-ce pas déjà beaucoup qu’elle lui pût témoigner sa tendresse ! Et ce fut lorsqu’il sentit complètement cet amour d’épouse inattaquable, indestructible, tout-puissant dans sa générosité, que Nicolas laissa échapper ce cri de faiblesse, qui devait briser le cœur de Jeanne en soulageant le sien :

— Pauvre femme que j’ai trahie !

Elle ne proféra pas un mot, mais ses bras se dénouèrent… Elle qui n’avait jamais, dans son admiration pour son idole, permis à son esprit un soupçon, entrevoyait tout à coup les plus banales images de l’adultère, et la conscience de Nicolas souillée par la plus vulgaire des fautes. Elle n’avait cru qu’à une lassitude de l’amour chez cette âme supérieure ; et Nicolas avait été victime d’un entraînement de ses sens ! Il avait aimé hors de son foyer ; une autre femme le pos-