Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/313

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sais qu’à moins d’une générosité particulière, ces messieurs ne cèdent pas leur galerie à prix doux. Jenny également se préoccupait de ce projet, l’idée lui étant venue de joindre ses œuvres les plus récentes, quelques nus, je crois, aux animaux de son mari. Bref, j’ai pu arranger les choses.

— Tu as bien fait, dit Nicolas très attentif ; et tous vont bien ?

— Ah ! leurs soucis les détournent un peu de leurs enfants. Moi, je m’inquiéterais de Marcelle que j’ai vue si mélancolique et si amaigrie. Elle ne se plaint pas, me dit-on ; mais c’est une petite fille stoïque et je lui ai trouvé des yeux de souffrance qui témoignent d’une santé bien altérée. Elle n’a point desserré les lèvres. Elle est si peu communicative !

— C’est un sphinx ! murmura Nicolas, en maîtrisant son émotion.

— Quant à François, il est survenu pendant ma visite. Il ne paraissait pas gai non plus, dans son désœuvrement. Encore un pauvre enfant qui m’apparaît toujours comme une belle terre en friche, dont personne ne s’est occupé d’exploiter les ressources.

Nicolas n’écoutait plus. Ainsi, Marcelle était bien plongée dans la tristesse mortelle qu’il avait imaginée. Il en conçut d’abord une sorte de joie. Donc, l’impérissable amour subsistait entre eux, surnaturel, inaltérable, meurtri et sanctifié. Elle était à lui, toujours, unie par la commune douleur.