Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/314

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Qu’importe de souffrir quand on s’appartient toujours et qu’on en a la bienheureuse certitude !

Mais à mesure que les jours s’écoulaient, l’idée de la misère, de l’isolement de Marcelle le pénétrait davantage. Il se les représentait mieux depuis qu’on les lui avait dépeints ; sa pitié s’appuyait maintenant sur la réalité même. Ah ! comme il les voyait ces yeux, ces pauvres yeux de souffrance, dont le temps serait impuissant à tarir les larmes ! Marcelle n’était-elle pas de celles qui, sans se plaindre, peuvent aller bravement jusqu’à la mort ?

Il cessa dès lors de pouvoir travailler. De bonne heure, le matin, il sortait, arpentait le quai Malaquais dans l’espoir qu’il l’apercevrait peut-être. Et il faisait des stations prolongées rue Bonaparte, aux vitrines garnies d’estampes. Ou bien il allait au hasard, par toutes les rues qui avoisinaient la maison des Fontœuvre. Mais sans doute, le courage de sortir manquait à Marcelle, ou bien elle avait l’héroïsme, — et c’était encore plus plausible, — de se cloîtrer pour échapper à celui dont elle sentait toujours, autour d’elle, l’inquiétude chercheuse…

Enfin, un jour, il s’en fut rue de l’Arbalète, demander aux deux chambres blanches les souvenirs de l’amour immolé.