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Page:Yver - Les Sables mouvants.djvu/321

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Quelques centaines de francs l’auraient sauvé. Son pauvre cerveau affolé imagina des expédients illogiques, comme d’aller les emprunter au patron d’Hélène, le vieux pharmacien de la rue du Bac. Il fut reçu comme un escroc et ne bénéficia que de quelques conseils solennels et amers dont se fût réjoui, en d’autres circonstances, son esprit caustique. Puis il s’adressa aux Dodelaud. Ceux-ci furent d’abord bien consternés d’apprendre que leur petit François, si doux et si poli naguère, avait fait des dettes. La somme qu’il sollicitait représentait à peu près le bénéfice d’une de leurs bonnes journées de vente. Mais c’était leur plus cher principe de ne jamais prêter ; à plus forte raison refusèrent-ils ce service à un jeune homme dont c’eût été encourager les désordres. Il avait beaucoup espéré des Dodelaud. Il sortit de leur magasin anéanti, les yeux pleins de choses d’art splendides et sans prix : bahuts de la Renaissance, coffrets d’or massif, reliquaires constellés de pierreries, ou robes de brocart, qu’il avait contemplés durant sa requête. C’était donc vrai, il n’y avait dans la vie autre chose que l’argent. On était mis au monde pour le conquérir ; il fallait lui donner son effort, sa santé, toutes ses puissances, et, si la peine vous semblait trop grande, et qu’on reculât, on était aussitôt balayé. Oui, il n’y avait que l’argent. L’amour ? Il en avait fait la plus ridicule expérience. Quelle misère ! Quelle nullité dans la femme ! Quelle cruelle insipidité ! Alors,